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Les mots de la Grenouille

12 mars 2012

ailleuRs

désormais, petit à petit

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12 mars 2012

m ment

Mâ ment.
Mâ tient debout, mais c'est pour de semblant. Mâ flanche au-dedans. C'est comme des bas qui plissent sur les chevilles, mais en-dedans.
Avec les quilles qui flageolent, Mâ avance et invente une valse pour le pas mécanique qui la meut.
Pour ne pas les effrayer, pour pouvoir les porter, encore un peu. Ses Petits.

Mâ sait la blessure incommensurable et l'insurmontable douleur, le coup dépossesseur que leur porterait sa disparition tout à fait. Elle le sait. Elle l'a lu. Elle l'a su. Elle croit le savoir encore. Elle s'accroche aux coins de ce souvenir-là pour tenir encore. Elle sait à quel point ils seraient friables, et pour longtemps, si elle tournait les talons pour de bon.
Elle sait l'indestruction de leur lien, elle devine le pourrissement de leur vie si elle s'éteignait vraiment. Ce serait plomber leur insouciance, ce serait piéger leurs fondations. Et ça c'est interdit.

Alors elle tient. Elle tient, donc. Elle porte à bout de bras, à bras portant, à bout portant ces convictions qui ne l'habillent plus.

Elle fait poutrelle. Poutre-Elle. Poutre-Aile. Elle joue sur les mots pour leurrer les maux, des trucs niais, à la con. Des trus juvéniles à boutons. Et elle est si vieille. Vieille comme les pierres et elle pèse un rocher.

12 mars 2012

la bÊte

La Bête te guette, te happe, te hache.

Elle attend, tapie, alanguie, presque souriante. Indolente. Elle attend, elle n'est pas impatiente, elle a tout son temps. Elle a tout ton temps. Elle sait que tu viendras à elle.

La truffe levée, la babine retroussée sur son sourire narquois, elle hume l'air. Elle sent déjà l'haleine de ton entraille qui suinte, elle entend les dents mécaniques de ton angoisse déjà en marche, ces rouages puissants et méthodiques. Elle goûte tes regrets éternels et ta coulpe qui bat son plein. Elle se marre et se repaît, et reprend force et prend racine.

11 mars 2012

hAng up to dry

Accrochée à sa corde à linge, elle sèche.
Elle a essoré son chagrin, maintenant elle sèche.
Elle n'est tenue que par deux pinces aux épaules. Ça poche et bientôt elle penche. Irrémédiablement elle penche. Elle glisse et s'affaisse subrepticement. Ensuite elle tombera, comme les autres fois. Dans la bassine en zinc qui attend à son pied. Celle qui est pleine de son chagrin d'avant -toujours le même en fait, celui dont on l'a déjà essorée- et qu'on oubliée de vider.
Alors bien sûr, quand elle tombe, elle retrempe...

11 mars 2012

sOuvenirs - derrièRe

Oublier que le temps joue les sabliers et fiche parfois son grain de sable dans l'œil.
Oublier que si tu ne fais pas les poussières, un grain viendra enrayer la machine, faire capoter l'engin. Et présenter d'autres chemins, des ornières singulières. D'autres rais de lumières.

Mais ça fait mal. Y a rien qui tait cette douleur-là, rien pour la taire. Taire ce qui n'est pas et ne sera pas. Ne se fera pas. Des petites bifurcations douloureuses. Des ramifications sérieuses, mais dispendieuses.
Se taire et se terrer. La laisser parler. Attendre que le temps, mobile, redescende de son fil.
Tenir et ne pas suffoquer. Tenir et goûter l'apnée. Grandir et contenir ses caprices. Grandir et taire ses hurlements, puisque même pas peur. Trouver refuge dans un coin de sa tête, puis redescendre et affronter ce qu'il reste.

Se faire otarie, apprendre à jouer avec une balle au bout du nez. Se mordre la queue, s'en mordre les doigts. Tomber, choir, se relever, recommencer. Laisser couler l'eau, le sable et la terre. Attendre de pouvoir rire de la gadoue. Attendre de sculpter la patouille. Tordre les fils et les cous. Et les chevilles aussi. Des chevilles d'argile.

 

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11 mars 2012

hAnds

Assise à la fenêtre, elle regarde ses mains. Les ongles rongés qui disent son inquiétude, les petites peaux rognées, presque à vif, qui livrent son désarroi.

Assise à la fenêtre, elle regarde ses mains qui n'ont pas le même âge qu'elle. Des mains marquées, des mains plus vieilles. Tout un corps taraudé par son décalage horaire intérieur, l'esprit adolescent, la vie mature. Les enfants jeunes.

Assise à la fenêtre, les deux mains sur le carreau, elle vérifie la résistance du verre, protecteur.

11 mars 2012

fibRe

Ce serait sa fibre.
Elle nommerait l'indicible.

10 janvier 2012

la dAme sur la cOlline

Un jour elle est partie.
Alors tous les compagnons de celles qui s'interrogeaient se sont dit qu'elle prêchait, pour sa paroisse assurément.
Que pour ses balades, elle devait prendre son bâton de pélerin, forcément.

On l'a dépossédée de sa parole, on lui prêtait des intentions de duplicata qu'elle n'avait pas.
De toutes manières, elle n'écoutait pas. De toutes manières, ahurie, elle se taisait.

On l'a privée de paroles donc, on l'a déshabillée de son identité pour lui coller sur la peau un tricot étriqué et fétide qui gratte. Un tricot comme un drapeau, pour une bataille qui n'était pas la sienne, à porter en flambeau éventuellement. Un tricot moche et pas beau, d'une couleur qu'elle n'avait encore jamais portée, qui ne lui seyait pas vraiment au teint. Non, vraiment pas.

Mais voilà, dans les histoires, on a toujours besoin d'un monstre. Tant pis pour elle. Elle n'avait qu'à être moins rousse. Elle n'avait qu'à pas vouloir essayer de continuer à danser sa vie.



9 janvier 2012

fEu

Ils lui ont mangé la bouche et tranché la langue.
Ils lui ont enfoncé dans la gorge des mots étrangers et forcé des propos qui n'ont jamais été siens.
Ainsi ils avaient entendu, c'est qu'ainsi elle avait dit, assurément.
Ils ont anéanti sa pensée, ils l'ont réduite au fétu-foetus de paille qu'elle ne savait pas être. Qu'elle savait ne pas être.
Ils ont voulu lui casser les ailes, ils ne les ont pas trouvées. Alors ils lui ont cassé les bras. Ils ne se sont pas dit qu'ils s'étaient trompés, non, ils ont cru qu'elle les recelait ailleurs, sûrs qu'ils étaient qu'elle cachait en son sein de la poudre d'escampette.
Ils l'ont brûlée sur le bûcher de leurs peurs irraisonnées.

Le Grand Inquisiteur s'est avancé. Derrière son rictus satisfait, il sifflait :
"Sorcière, Vipère, j'aurai ta peau, je t'écaillerai les os, et sous tes lambeaux purulents, j'offrirai à la vue de tous ta véritable nature et ses putrifides relans. Tu es monstresse, tu es diablesse, tu es dévoreuse d'âme. Que faudrait-il que je sacrifie pour que tu te repaisses ?"

De sa voix rauque et suffocante, alors que les premières flammes lui recroquevillaient déjà les pieds, elle répondit:
"Ne vois-tu pas que derrière ce voile de fumée, ce n'est pas moi que tu peux voir ? Regarde bien, ce miroir que tu brandis, amer sésame, ne le tiens-tu pas la face du mauvais côté ? Tu me cries sorcière, je t'ai fait peur ? Mais dis-moi, qui est le possédé ? Qui est le possesseur ?"

Puis elle s'éteignit, désolée.



10 décembre 2011

sOuricette, juste après

Il aura suffi d'une nuit pour glacer le papier.
Une nuit et deux ou trois rêves.
Il aura suffi d'une seconde nuit pour poser sur le papier glacé un calque, délicatement givré.
Une seconde nuit et deux ou trois rêves.
Nul besoin de tourner la page, elle n'a qu'à se retourner pour regarder de loin ces paysages arrêtés.
Elle a posé le pied sur la première marche grinçante du petit escalier, elle redescend, tranquillement.

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