m ment
Mâ ment.
Mâ tient debout, mais c'est pour de semblant. Mâ flanche au-dedans. C'est comme des bas qui plissent sur les chevilles, mais en-dedans.
Avec les quilles qui flageolent, Mâ avance et invente une valse pour le pas mécanique qui la meut.
Pour ne pas les effrayer, pour pouvoir les porter, encore un peu. Ses Petits.
Mâ sait la blessure incommensurable et l'insurmontable douleur, le coup dépossesseur que leur porterait sa disparition tout à fait. Elle le sait. Elle l'a lu. Elle l'a su. Elle croit le savoir encore. Elle s'accroche aux coins de ce souvenir-là pour tenir encore. Elle sait à quel point ils seraient friables, et pour longtemps, si elle tournait les talons pour de bon.
Elle sait l'indestruction de leur lien, elle devine le pourrissement de leur vie si elle s'éteignait vraiment. Ce serait plomber leur insouciance, ce serait piéger leurs fondations. Et ça c'est interdit.
Alors elle tient. Elle tient, donc. Elle porte à bout de bras, à bras portant, à bout portant ces convictions qui ne l'habillent plus.
Elle fait poutrelle. Poutre-Elle. Poutre-Aile. Elle joue sur les mots pour leurrer les maux, des trucs niais, à la con. Des trus juvéniles à boutons. Et elle est si vieille. Vieille comme les pierres et elle pèse un rocher.