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Les mots de la Grenouille
24 août 2010

Hanging on - Adolescences ou juste après

Elles est suspendue à son fil de soi (alors qu'elle attend un coup de fil de lui).
Suspendue à son fil de soi, elle voudrait ne plus être elle.
Elle est en suspension, le souffle court, au-dessus de sa vie. Au-dessus du vide de sa vie et de l'ampleur noire qui la gagne.

Suspendue, comme sa respiration funambule qui se retient désespérément derrière ses lèvres, au bout du bord de ses dents.

Elle attend.
Quelque chose doit arriver. N'importe quoi, une direction, un tourment, peu importe.

Elle avance sur son fil de terre, fin et solide, comme elle. Elle ne craint ni les ténèbres, ni la lumière. Elle a peur du plafond bas qui écrase les têtes.

Elle est dehors, dans la rue, superposée, mais pas avec. Elle s'approche très près des gens, elle les regarde avidement, pour comprendre, pour apprendre. Peut-être qu'en les répétant, les gestes pourraient prendre corps en elle, devenir vrais, devenir siens. Devenir elle. Mais elle ne sait pas quelle Elle choisir.

Elle s'approche très près des gens, elle voudrait leur toucher l'épaule mais qu'ils ne se retournent pas. Elle voudrait se hisser dans une poche ou dans le creux d'un chapeau.

Elle voudrait.

Elle se dit : je suis, errante dans mes nuages qui s'effilochent. Elle dit : ma tête est heurtée par des pensées qui ne s'accrochent à rien.
Alors elle lève les bras, et se hisse, et s'accroche à ces pensées qui ne l'attendent plus. Elle essaie de ne pas tomber quand elle trébuche. Elle s'applique.

Elle s'étonne de la simplicité avec laquelle les gens accomplissent leurs pas, leurs sourires, à deux. C'est saisissant. Comment se peut-il qu'ils ne soient pas balayés par la puissance de ce qu'ils vivent ? Comment se peut-il qu'ils tiennent debout ?

Elle est intimidée et fascinée par ces mains qui se tiennent, parfois se caressent, dans la rue, sur les trottoirs. Elle est sensiblement gênée et vaguement reconnaissante qu'on lui laisse à voir, à deviner, ce que ces mains... Elle ne détourne jamais les yeux de ces mains-promesses tandis qu'elle garde bien au fond de sa poche ses mains sans promesse.

Elle est déjà morte tant de fois. Elle n'est plus à une mort près. Elle n'en revient pas de la vie des autres. Elle se demande comment elle pourrait vivre ça. Elle aurait le souffle coupé. Forcément. Elle n'y survivrait pas.

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Commentaires
Z
encore et toujours...
Z
...ça me touche, je suis émue aux larmes et je ne sais pourquoi...
Les mots de la Grenouille
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