La petite fille & le chêne

La petite fille au fond du bois a grandi à l'ombre du chêne.

Il étendait au-dessus d'elle ses feuillages et, pour l'abriter encore un peu, étirait au loin l'ombre de ses feuilles charnues sur la mousse.

Sur ce tapis de mousse auprès du grand chêne la petite fille fit ses premiers pas. Elle ne trébucha pas beaucoup, il n'y avait pas long à aller d'un bout à l'autre de son domaine. Et le grand chêne veillait.

Elle dit ses premiers mots au premier chant des oiseaux. Elle apprit à lire le braille de l'écorce noueuse et doucement rugueuse, petite barbe de deux jours et demi.

Elle grandit bellement mais ne le savait pas trop.
D'autre fois pourtant, elle le savait trop bien.
Elle ne le savait pas vraiment, elle ne le savait pas d'elle-même, c'est ce que lui rapportait le vent, c'est ce qu'elle comprenait du regard fier et brillant dans l'œil unique du grand chêne.

Elle avait le teint pâle. Le feuillage filtrait pour elle les agressions du soleil, et certaines de ses caresses. Il tamisait la lumière, il feutrait l'atmosphère. Il floutait les contours d'une vie lointaine, improbable.

(...)