Le p'tit moulin
Il y avait sur la colline un petit moulin à eau, fier, blanc, resplendissant.
L'eau venait d'un petit ruisseau taquin, clair.
La roue tournait en chantant, s'arrêtant parfois pour écouter le bruit du vent.
Au petit matin, la colline s'est érodée. Il n'en reste qu'un petit monticule de verdure, à l'herbe mal fouillée, échevelée, emmêlée.
A l'aube démantibulée, le petit ruisseau s'est tari.
De loin, c'est un moulin à la Don Quichotte. De près aussi.
De drôles d'ailes lui ont poussé sur le nez. Des ailes à la toile déjà déchiquetée, percée, trouée.
C'est bête pour un moulin à-eau-tarie-à-vent. Le voilà moulin à vent qui ne prend pas le vent. C'est un moulin à vent qui grince dans le vide, un moulin sans grain à moudre.
Il mugit et tourne à vide, usant sa dent mécanique sur le même rien, toujours le même rien.