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Les mots de la Grenouille
26 mars 2010

Miette

Miette au bord du ravin regardait s’effriter ses chagrins.

Ce matin elle allait bien.

Très tôt, de ses petits pieds froids sur le parquet grinçant, elle avait traversé le vestibule jusqu’au placard. Elle y avait rangé la sorcière. Elle n’en avait plus besoin. Elle n’aurait plus peur.

Dans la salle de bains, elle s’était approchée de l’armoire aux mille tiroirs. Elle avait retiré sa peau de chagrin et s’était choisi avec attention et volonté une nouvelle peau du petit matin. Une petite peau de nouveau matin, fraîche comme la rosée, encore un peu humide, comme ses yeux pas encore tout à fait secs.

***

Elle s’était approchée tellement près de la vie qu’elle avait pu la toucher du doigt. Du bout du doigt. Elle en avait suivi les contours, elle en avait même happé un bout. C’était fondant comme de la barbe-à-papa, un peu trop sucré et presque trop rose. Mais qui réclame qu’on goûte encore. Pour être sûr. De ne pas aimer ou d’aimer ça.

***

Elle a délacé ses godillots crottés, elle a retiré ses chaussettes trouées, elle a laissé respirer ses doigts de pieds. Ils ont humé l’air, cligné de l’œil, ravis.

Derrière ses chevilles deux petites ailes se sont défroissées.

Miette a survolé le ravin. Adieux crocodiles, tarentules ennemies, bêtes féroces et requins.

***

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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